Karine, membre de l’équipe du Phare, fait la rencontre de Sarah-Claude et Geneviève, deux mamans endeuillées. Elle se retrouvent au Phare pour échanger. Elles partagent généreusement leur histoire avec vous.
Leur enfant les a unies malgré elles. Plusieurs années se sont écoulées avant même qu’elles se voient pour la toute première fois. Au fil des séjours de répit au Phare, leur chemin se croisait, à leur insu.
«Je me souviens d’avoir chanté une chanson en présence d’Ariane, la fille de Geneviève, d’avoir joué dans ses cheveux alors que je venais chercher mon fils Esteban, après un séjour au Phare», raconte Sarah-Claude.
Il y a 3 ans, Ariane et Esteban ont préparé le terrain pour que leurs mamans se rencontrent. À quelques mois d’intervalle, ils ont pris chacun leur envol, laissant Geneviève et Sarah-Claude dans une tristesse incommensurable; perdre un enfant est l’épreuve d’une vie pour un parent.
Un jour, Le Phare les invite à se joindre à un groupe de soutien pour parents endeuillés.
«Je me trouvais déjà chanceuse d’avoir l’écoute dont j’avais besoin de ma travailleuse sociale au Phare, Marion. J’hésitais vraiment à y aller, mais j’ai pressenti que je passerais peut-être à côté de quelque chose si je n’y allais pas. Clairement, je sous-estimais la puissance du groupe», poursuit Geneviève.
Il s’est créé dans ce groupe quelque chose d’inattendu : une connexion. Connexion, c’est le mot qui est ressorti à l’unanimité.
«C’est au-delà d’une amitié. Il n’y a pas de mot pour décrire la profondeur de cette connexion avec les autres parents du groupe. Tout le monde sait ce qu’est de vivre une peine d’amour. Ici, on parle de la perte de ton enfant, les autres ne peuvent pas comprendre. Il s’est dit des choses profondément intimes qu’encore aujourd’hui personne de mon entourage ne sait et ne saura jamais», confie Sarah-Claude.
«Lorsqu’une des mamans du groupe a raconté l’histoire de sa fille, tout mon corps s’est mis à trembler de façon incontrôlable. C’était comme si on avait mis un miroir devant moi. Quelqu’un d’autre racontait l’histoire de MA fille, de MA souffrance, de MES deuils. Je ne m’étais jamais permis de me voir ainsi, de l’extérieur, je ne pouvais tout simplement pas. Je me devais d’être forte. Je l’écoutais et je n’en revenais pas de l’intensité extrême que ça pouvait représenter dans une vie. Ce moment-là a été extrêmement libérateur», relate Geneviève.
Au fil des huit séances de ce groupe que leur offrait Le Phare, la connexion entre les deux mamans s’est épanouie. L’intimité de cet espace s’est transportée dans un espace virtuel où chacune chemine à son rythme, se confie à l’autre par écrit, sans scrupule, sans filtre, libre de tout jugement extérieur. Elles accueillent leurs états d’âme dans une compréhension des plus complètes, dans le respect, l’amour et la solidarité.
Aujourd’hui au Phare, elles se sont sautées dans les bras. J’ai compris que ça faisait longtemps qu’elles ne s’étaient pas revues. La vie avait poursuivi son cours.
J’ai choisi de m’asseoir dans l’estrade, seule, pour leur donner un instant. Face à face, se tenant par la main pendant quelques minutes, elles se mettaient à jour, comme si c’était hier.
On a tous déjà entendu, «tu vas comprendre le jour où tu vas avoir des enfants». Avec du recul, ils avaient raison. Aujourd’hui, personne ne pouvait mieux se comprendre qu’elles. Ces deux mamans, unifiées par une épreuve qu’on ne souhaite à aucun parent, seront intimement et pour toujours liées par cette sororité.
C’est grâce aux services qu’on y offre financés par vos dons que Geneviève, Sarah-Claude et d’autres parents encore poursuivent leur chemin, la lumière du Phare les guidant, veillant sur eux dans le souvenir d’Ariane et d’Esteban et de tous les autres petits partis trop vite.
Il est difficile de comprendre réellement la douleur que peut ressentir un parent endeuillé, à moins d’avoir vécu cette épreuve nous-mêmes.
À défaut de comprendre, soyons solidaires, donnons.